S12-P05-C08 Sprue tropicale

S12-P05-C08 Sprue tropicale

S12

Gastro-entérologie

Stanislas Chaussade et Romain Coriat

Chapitre S12-P05-C08

Sprue tropicale

Georgia Malamut et Christophe Cellier

 

La sprue tropicale est définie comme une entéropathie chronique d’origine présumée infectieuse caractérisée par un syndrome de malabsorption acquise en zone d’endémie tropicale. Initialement décrite chez les expatriés occidentaux vivant de façon prolongée aux colonies, la sprue tropicale semble être aussi une cause majeure de malabsorption chez les autochtones d’Inde et d’Asie de l’Est. L’analyse histopathologique du grêle montre typiquement une atrophie villositaire dont les mécanismes physiopathogéniques sont loin d’être élucidés. Une origine infectieuse est supposée en raison de l’efficacité du traitement antibiotique, même si typiquement, les coprocultures et examens parasitologiques des selles sont négatifs.

Épidémiologie

La sprue tropicale est un fléau majeur affectant les pays en zone tropicale décrite il y a 200 ans par un médecin anglais, William Hillary, qui officiait dans les îles de la Barbade [4]. Elle concerne les migrants occidentaux résidant en général depuis au moins un an en zone tropicale et les autochtones eux-mêmes. Elle a été considérée comme une cause majeure de malabsorption en Inde dans les années 1960, affectant tout aussi bien les adultes que les enfants. On évalue à 35 000 le nombre de décès causés par une épidémie de sprue tropicale dans le sud de l’Inde au cours des années 1960 [15]. La propagation des épidémies était extrêmement progressive auprès des membres de la même famille et au sein des villages, contrairement aux dispersions rapides des diarrhées infectieuses. Les principales autres régions tropicales concernées sont l’Asie du Sud-Est, l’Afrique, les Philippines et certaines îles des Caraïbes comme Haïti où la prévalence de la sprue tropicale est estimée à 43 %, Cuba ou Porto Rico où la prévalence est de 11 % [3], [5], [11]. De façon assez surprenante, l’incidence de la sprue tropicale s’est considérablement raréfiée jusqu’à presque disparaître chez les expatriés vivant dans les îles des Caraïbes anglophones au cours de la seconde partie du XXe siècle [1]. Ainsi la sprue tropicale est-elle devenue une entité rare chez les expatriés vivant en zones d’endémie, probablement en raison du recours plus systématique aux antibiotiques en cas de diarrhée et aux meilleures pratiques sanitaires [12], [20].

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