S02-P01-C01 L’in-quiètude éthique est fondatrice de la médecine

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Éthique médicale

Alain Cordier

Chapitre S02-P01-C01

L’in-quiétude éthique est fondatrice de la médecine

Alain Cordier, Jean-Claude Ameisen et Didier Sicard

La médecine est indissociablement liée à la connaissance, à la science et à la recherche. Chaque acte médical, chaque décision chirurgicale et chaque geste de soin reposent sur un vaste ensemble évolutif de recherches fondamentales et cliniques et sur un acquis de connaissances, de compétences et d’expériences pratiques.

Et il y a peu d’approche aussi humaniste que la médecine, dont la vocation est d’accompagner les blessés de la vie, de soulager leur souffrance, de préserver la vie, la santé et le bien-être. Ce dont témoigne l’engagement quotidien des médecins et soignants, auprès de toutes et tous, et plus particulièrement encore auprès des plus pauvres, des plus démunis, en France et hors de France.

Pourtant, comme toute entreprise humaine au service des autres, la médecine nécessite en permanence, pour répondre à sa vocation même, d’être soumise à un questionnement constant.

Ce n’est pas d’une attention bienveillante, venant comme un bonus à l’exercice de la recherche ou de la clinique, dont il s’agit, c’est d’un questionnement éthique permanent. Faute de celui-ci, la culture médicale ne peut en effet que devenir une culture d’activisme, encouragée par la prime à la seule évaluation quantitative et technique, où par exemple maintenir à tout prix l’espoir sur une énième ligne de chimiothérapie apparaît préférable au respect d’une qualité de vie pour le temps qui reste, respectueuse des souhaits du malade.

Nous voici en réalité au cœur de la clinique lorsque se confrontent l’exigence d’une médecine qui veut sauver et l’exigence d’une médecine qui doit, avec discernement, savoir écouter, dialoguer et « lâcher prise ». Nous voici au cœur de la médecine lorsque l’ultime de la réflexion est de comprendre que l’acte médical est fondé avant tout sur un mouvement vers l’autre, une reconnaissance de l’autre, une mise au service de l’autre.

La médecine ne peut pas, à elle seule, déterminer ses finalités. Elle doit le faire en prenant en compte le point de vue de la personne malade, de la personne en situation de handicap, des associations de patients et de personnes handicapées, et de la société dans son ensemble. La démarche éthique ne prend son sens que si elle s’inscrit dans une délibération ouverte, qui inclut tous.

La médecine n’est pas d’abord dans son pouvoir mais dans sa responsabilité. Parler de responsabilité, c’est laisser venir au jour le retournement des certitudes confortables et du pouvoir sécurisant que provoque le visage de celui qui souffre. Le sens de la médecine se révèle en cherchant du côté d’une « in-quiétude éthique », d’une impossible quiétude du savoir,…

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