S08-P01-C10 Toxicomanie et addictions aux urgences

S08-P01-C10 Toxicomanie et addictions aux urgences

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S08

Urgences médicales

Pierre Hausfater et Bruno Riou

Chapitre S08-P01-C10

Toxicomanie et addictions aux urgences

Arnaud Plat et Sophie Kalamarides

Les dernières évaluations françaises en population générale confirment un niveau de consommation de substances psychoactives (SPA) significatif [2]. Il est, pour des raisons méthodologiques, difficile de comparer les chiffres actuels avec les consommations d’il y a 20 ou 30 ans ou de celles des pays limitrophes. Il paraît plus judicieux d’en constater l’importance et la relative stabilité malgré les campagnes de prévention, le niveau de dommages que ces consommations provoquent et les solutions sanitaires, politiques et sociales pour en limiter les risques et dommages.

Les services d’accueil des urgences (SAU) sont un lieu réputé de rencontre des usagers de substances psychoactives, à la fois pour des raisons médicales évidentes (intoxication, sevrage « sauvage », complications médicochirurgicales ou des consommations), psychiatriques (tentatives de suicide, troubles du comportement, demandes d’aide) et sociales (précarité, lieu de soin réputé « gratuit », difficultés ou obstacles sociaux d’accès à la filière de soins ambulatoires).

Bien que la présence des usagers de substances psychoactives au sein d’un SAU soit théoriquement indiscutable, elle a mauvaise réputation auprès des soignants qui se sont destinés à travailler aux urgences. Le « comportement auto-infligé » qui génère un trouble urgent peut provoquer l’agacement et des contre-attitudes avec un gradient d’acceptation indiscutable de la part des soignants : la douleur thoracique du grand fumeur est mieux acceptée que le trouble du comportement provoqué par une intoxication alcoolique aiguë (IEA). L’intoxication alcoolique aiguë et sa prise en charge usuelle au SAU illustrent de manière caricaturale ce mélange d’accueil brutal et culpabilisant et d’intérêt médical limité qui favorise la sortie rapide du patient et/ou sa fugue.

Parallèlement, les professionnels de l’addictologie ont relevé depuis longtemps que les SAU étaient un lieu de rencontre possible avec les usagers à problèmes, à la fois au début de leur trajectoire avec les sub-stances psychoactives (première ivresse, premiers traumatismes sous substances psychoactives, premier bad trip, première tentative de suicide) ou plus tard alors que la dépendance est installée (syndrome de sevrage à l’alcool, aux opiacés, décompensation somatique, overdose, demande de soins…). Un entretien bref et structuré centré sur la consommation, par un soignant formé, avec l’usager a démontré son efficacité en influençant favorablement la consommation des usagers à court et moyen termes [6bis].

Les enjeux que nous proposons d’exposer ici, sont de plusieurs ordres :…

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