S15-P01-C08 Myopathies mitochondriales

S15-P01-C08 Myopathies mitochondriales

S15

Pathologie musculaire

Chapitre S15-P01-C08

Myopathies mitochondriales

Anthony Béhin

 

L’émergence du concept de myopathie mitochondriale remonte pour l’essentiel aux années 1970, avec le développement de colorations histologiques permettant de reconnaître des lésions témoignant de la souffrance de cette organelle. Les pathologies mitochondriales d’expression musculaire représentent un groupe d’affections rares très hétérogène, tant sur le plan de la présentation clinique que sur celui de leur origine moléculaire ; elles constituent de fait un monde en soi au sein de la pathologie neuromusculaire [2]. De fait, elles peuvent toucher des sujets de tous âges, du nouveau-né à l’adulte âgé, et leur expression est extrêmement riche et polymorphe. La complexité du diagnostic s’est considérablement accrue au cours des 30 dernières années avec la mise en évidence d’anomalies causales dans nombreux cas restés jusque-là sans explication moléculaire. Comme on le verra, le diagnostic de mitochondriopathie est aujourd’hui évoqué devant des tableaux cliniques variés, dont certains sont connus de longue date ; il est le plus souvent conforté par la réalisation d’une biopsie musculaire et affirmé formellement par une analyse génétique. Nombre de cas restent toutefois de diagnostic incertain, notamment dans les situations où la porte d’entrée est une intolérance à l’effort « nue » et dans les formes du sujet âgé, chez qui les anomalies mitochondriales peuvent être liées au vieillissement et n’autorisent pas de conclusion simple en l’absence d’anomalie moléculaire avérée.

Bases physiopathologiques

La mitochondrie forme une organelle d’une grande complexité, siège de la respiration cellulaire, qui permet la production d’énergie par le biais du mécanisme de phosphorylation oxydative, aboutissant à la production d’ATP (adénosine triphosphate). L’architecture et le fonctionnement de la mitochondrie sont sous la dépendance de nombreux gènes (on en compte plus de 1 500 aujourd’hui) dont la plupart sont situés au niveau de l’ADN nucléaire. Les protéines codées ont des fonctions variées : en dehors des complexes de la chaîne respiratoire proprement dits, elles interviennent dans la mise en place de ceux-ci, dans la réplication et la maintenance de l’ADNmt, la maintenance des membranes, la régulation de la morphologie mitochondriale par des mécanismes de fusion et de fission, ou encore la biosynthèse de la co-enzyme Q10. À côté des gènes nucléaires, la mitochondrie possède un ADN double brin circulaire (ADNmt) de 16569 pb qui comporte 37 gènes ; 22 ARNt et 2 ARNr jouant un rôle capital dans la fabrication des sous-unités de la chaîne respiratoire. Il est à noter que le complexe II est sous la dépendance excl…

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