S18 Gériatrie

S18 Gériatrie

S18

Gériatrie

 

Muriel Rainfray

À l’analyse de données épidémiologiques et physiopathologiques, le vieillissement est généralement perçu comme la résultante de l’influence croisée d’éléments constitutionnels génétiques, d’éléments liés au mode de vie et d’événements extérieurs épigénétiques.

Différent du concept de vieillissement d’un organisme, le concept de vieillissement cellulaire est observé lors de la mise en culture de cellules somatiques primaires [1]. Il se caractérise après un certain nombre de divisions par l’arrêt permanent du cycle cellulaire et l’apparition d’un phénotype sénescent impliquant d’importants remaniements cellulaires et une modification du programme d’expression génétique.

Dans ce chapitre de synthèse, nous explorerons les différentes voies de régulation du vieillissement cellulaire, avec un intérêt particulier pour les voies de régulation de la sénescence et l’illustration moderne de théories du vieillissement datant de plus de 50 ans, ainsi que les voies de régulation dites de la longévité, qui répondent à une théorie plus récente, la théorie de l’hyperfonction.

Le terme de fragilité est proposé en gériatrie pour définir la conséquence clinique du déclin d’une multitude de fonctions physiologiques au cours du vieillissement dont le cumul expose la personne âgée à différentes modifications de son état de santé et à des événements péjoratifs lorsqu’elle est soumise à un stress. Les bases du phénotype fragile ont été définies dans les années 2000 grâce aux résultats d’une étude épidémiologique nord-américaine. Depuis, le concept de fragilité fait l’objet de nombreuses recherches visant à mieux définir, comprendre et prendre en charge cet état d’instabilité. L’état de fragilité est intéressant à double titre : il permet une meilleure compréhension des problématiques gériatriques et offre des possibilités d’intervention et de prévention pour le médecin qui sait le repérer.

Les chutes chez les sujets âgés posent, par leur fréquence et leurs conséquences, un problème majeur de santé publique. Mieux prévenir les chutes est considéré par la Commission européenne comme une des priorités pour améliorer l’espérance de vie de la population européenne et réduire l’incidence des hospitalisations évitables (European Innovation Partnerships on Active and Healthy Ageing (EIP on AHA) [1].

L’Organisation mondiale de la santé a défini en 2007 la chute comme : « Tout évènement au cours duquel une personne est brusquement contrainte de prendre involontairement appui sur le sol, un plancher ou toute autre surface située à un niveau inférieur ». La Haute Autorité de santé définit les chutes répétées comme la survenue d’au moins deux chutes dans les 6 à 12 derniers mois [6]. Le groupe ProFaNE (Prevention of falls Network Europe) différencie les chutes graves, accompagnées de blessures sérieuses nécessitant un passage aux urgences ou une hospitalisation, des chutes dont la gravité est modérée (nécessitant un recours médical) ou mineure [8]. Les chutes critiques sont définies par une incapacité à se relever du sol. Les chutes répétées, graves et critiques peuvent être considérées comme des chutes à haut risque de récidive, de mauvais pronostic, marquant le plus souvent une fragilité de la personne [5].

Les troubles de l’humeur et les troubles anxieux sont les troubles psychiatriques les plus fréquemment rencontrés en population gériatrique. Les intrications fréquentes entre troubles dépressifs, anxieux, et les maladies chroniques des personnes âgées rendent le diagnostic et la prise en charge parfois difficile ; d’autant que la symptomatologie est parfois atypique, favorisant les errances diagnostiques. Le traitement pharmacologique repose sur des indications et recommandations précises qu’il convient de respecter pour favoriser la rémission des troubles tout en limitant le risque d’effet indésirable.

Enfin la collaboration entre médecin somaticien et psychiatre reste très utile dans les situations et prises en charge complexes.

Les organisations de soins se diversifient face à la demande croissante de parcours individualisés, alors que les contraintes économiques prennent de plus en plus d’importance. Pour le médecin, il n’est pas simple de suivre ce mouvement de constante innovation/rénovation de notre système et de savoir comment en tirer le meilleur parti possible. L’objectif de ce chapitre est de passer en revue ce qui définit le paysage actuel de l’organisation des soins pour les patients les plus âgés, afin d’aider le médecin à se repérer dans les multiples ressources possibles à l’hôpital, au domicile ou en matière d’hébergement et de mettre en lumière les réflexions actuelles sur l’évolution de ces organisations. Nous entendrons ici le mot soins au sens large, en y incluant aussi bien le traitement des maladies aiguës ou chroniques que l’accompagnement social permettant de faire face aux incapacités qui en découlent.