S26-P01-C07 Ototoxicité

S26-P01-C07 Ototoxicité

S26

Oto-rhino-laryngologie

Philippe Herman et Benjamin Verillaud

Chapitre S26-P01-C07

Ototoxicité

Philippe Herman

 

On considère comme ototoxique toute substance susceptible de léser l’oreille interne, qu’il s’agisse de la cochlée ou du vestibule, formé des canaux et du système otolithique. Ces lésions peuvent entraîner une surdité, des acouphènes, ou encore une instabilité. Ce risque ototoxique est désormais bien connu et plus de 100 classes de médicaments sont reconnues comme ayant un potentiel ototoxique.

Historiquement, c’est avec l’avènement de la streptomycine pour le traitement de la tuberculose en 1944 qu’apparurent de nombreux cas d’atteinte cochléaire ou vestibulaire. Par la suite, le développement de la classe des aminosides fit émerger une toxicité de classe à l’origine de nombreux travaux expérimentaux pour déchiffrer les mécanismes de cette toxicité. Actuellement les classes principales de médicaments ototoxiques incluent les aminosides et d’autres classes d’antibiotiques, les chimiothérapies à base de sels de platine, les salicylates, la quinine et les diurétiques de l’anse.

L’ototoxicité se manifeste par une surdité de perception bilatérale prédominant sur les hautes fréquences. L’atteinte peut être transitoire, mais elle est de fait le plus souvent définitive. Elle peut apparaître dès le début du traitement, même après une dose unique, ou au contraire quelques semaines, voire mois après la fin du traitement. En cas d’atteinte vestibulaire, la traduction clinique est essentiellement l’apparition d’instabilité et d’oscillopsies.

Les conséquences sociales de cette ototoxicité peuvent être lourdes et, dans la mesure où l’atteinte est le plus souvent définitive, il importe de peser les bénéfices et les risques des molécules en cause et de chercher le cas échéant des alternatives médicamenteuses. Pour l’instant, le traitement se résume à la prévention, voire à la prise en charge du handicap.

Aminosides

Depuis l’apparition de la streptomycine, de nombreuses molécules sont apparues au sein de cette classe d’antibiotiques, notamment la dihydrostreptomycine, la kanamycine, la gentamycine, la néomycine, la tobramycine, la nétilmicine et l’amikacine. Les aminoglycosides sont des antibiotiques bactéricides qui inhibent la synthèse protéique bactérienne en se liant l’unité ribosomale 30S. Ils sont utilisés essentiellement contre les bacilles aérobies à Gram négatifs et les cocci.

Quoique leurs effets ototoxiques soient largement démontrés, les aminosides sont encore largement utilisés avec pour principales indications les infections sévères, dont l’endocardite à staphylocoque ou encore à entérocoque, les infections sévères à Pseudomon…

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